Asteroid City, le film à tiroirs de Wes Anderson

Asteroid City est un film réalisé par Wes Anderson, sorti en 2023. Ce film a pu décontenancer une partie des spectateurs si l’on en croit les avis présents sur Internet. Mais finalement, que propose-t-il ?

Au milieu du désert, une constellation de références

Asteroid City est une ville située au milieu d’un désert, qui semble surtout vivre pour le cratère laissé par un météorite et les événements en lien avec l’astronomie qui s’y déroulent, bien que la ville semble vouloir se développer. Elle fait référence au Meteor Crater et nous propose de multiples références aux années 50, du design des décors aux références culturelles présentées (un Grand Géocoucou pour rappeler le personnage de Bip Bip, des courses poursuites peu crédibles qui entrecoupent les scènes sur la seule route traversant la ville etc.).

La ville accueille un événement destiné à récompenser des prototypes réalisés par des jeunes génies (les cadets de l’espace) et offrir une bourse à l’un d’eux, durant un événement astronomique commémorant l’impact de la météorite jadis. Cet événement va permettre de réunir différents personnages archétypaux parmi lesquels :

  • Un père veuf, photographe de guerre, et ses quatre enfants à qui il a caché la mort de leur mère depuis 3 semaines.
  • Le beau père de ce premier personnage, qui ne l’a jamais aimé mais apprécie ses petits enfants.
  • Une actrice qui accompagne sa fille mais doit répéter son futur rôle.
  • Une professeure des écoles qui aura des difficultés à faire cours à ses élèves à cause des événements du film.
  • Le manager du motel, un peu trop serviable.
  • Des militaires animant l’événement de la ville.
  • Un alien dont les intentions resteront un mystère.

Cette constellation de personnages archétypaux va interagir dans le plus pur style Wes Anderson, et donner un effet comique aux différents passages du film grâce à la surprise provoquée (ton non adapté à la situation évoquée, jeu d’acteur qui pend à rebours les attentes ou appréhensions que le spectateur peut avoir vis à vis du contexte, etc.).

La bande annonce vous en offre un avant goût :

Un film à tiroirs

Malgré l’intérêt de cette bande annonce, elle ne montre en revanche pas que le film adopte le style d’un « film à tiroirs ». L’histoire d’Asteroid City évoquée plus haut dans notre article est entrecoupée de séquences montrant la genèse de l’histoire et les questionnements de l’équipe chargée de la mettre en scène au théâtre. L’articulation entre ces deux parties du film est réalisée par la narration de Bryan Cranston en présentateur.

Chacun des acteurs joue donc deux personnages : le personnage de la pièce Asteroid City, et le personnage de l’acteur qui joue son personnage au théâtre. Parfois, le réalisateur s’amuse à briser les frontières et nous pouvons voir le présentateur se placer par erreur dans la pièce, ou les personnages de la pièce sortir du décors pour interroger leur jeu d’acteur ou le sens de l’histoire.

Finalement, cet effet « film à tiroirs » semble confirmer la volonté de Wes Anderson de jouer avec différents styles de narration, puisque The French Dispatch, son précédent film, adoptait déjà un style non commun, le film à sketch, où chaque petite histoire abordait un sujet et des personnages différents mais s’articulait autour d’un hommage au journalisme. Mais cette volonté artistique peut être clivante, et nous pensons important de vous la signaler pour éviter qu’à l’instar du personnage de l’acteur Jones Hall, incarné par Jason Schwartzman, vous ne sortiez de la salle en vous demandant le sens du film.

Le style Wes Andeson

En plus de l’histoire, de ces personnages archétypaux et de ce parti pris artistique de faire un « film à tiroirs », nous retrouvons dans Asteroid City le style propre aux œuvres de Wes Anderson. Nous vous invitons à regarder ce documentaire réalisé par Konbini qui présente son style, qui dépasse les aspects les plus évidents tels que la façon de filmer et l’esthétique mais se matérialise également dans la façon dont les mondes sont créés ou les dénouements des interactions des personnages par exemple.

Nous pourrons ajouter à ces éléments le fait que la distribution comporte un nombre important de « grands noms », qui parfois reviennent pour un petit rôle. Ce procédé avait déjà été utilisé par Wes Anderson dans de précédents films, comme A bord du Darjeeling LimitedBill Muray n’apparaissait que quelques secondes à l’écran. Ici, ce sera le cas de Jeff Goldblum, Willem Dafoe ou Margot Robbie. Mais, finalement, l’écriture de leur scène, et non sa durée, suffit à rendre leurs passages importants.

Au final, si vous appréciez le style du réalisateur et que le parti pris artistique ne vous rebute pas, nous vous conseillons de découvrir le film Asteroid City.

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